Il paraît que nous continuons à percevoir la lumière des étoiles des années après leur disparition. Sur terre, à des milliards de kilomètres, l’humain qui observe leur éclat ne s’imagine pas que ce qu’il voit n’existe plus. Les étoiles naissent, vivent pendant un certain temps, puis meurent. Certaines s’éteignent doucement, d’autres explosent, mais à la fin, elles ne sont plus. Imaginons un instant qu’il en aille pareillement des êtres humains, et qu’après que notre cœur a cessé
de battre, nous émettions encore pendant des générations des rayonnements fossiles perceptibles depuis l’espace.
C’est cette idée-là qu’explore the stardust – memory project, en utilisant des archives photographiques privées.
Au sein d’un quartier d’une ville donnée, les habitants sont invités à mettre à disposition leurs photos de famille. Images de la vie d’antan, moments gais ou solennels, saisis sur le vif ou au contraire, posés dans des mises en scènes étudiées: les albums de famille regorgent de situations triviales ou rocambolesques et offrent de très nombreuses possibilités de variations. Autant de traces de héros ordinaires à jamais disparus.
Les photographies sont ensuite retravaillées, les personnages étant réduits à de simples silhouettes, détachées de leur contexte : ils sont révélés dans leur humanité la plus élémentaire. Autour d’eux, des éléments graphiques et ornementaux semblent flotter dans l’air, comme des indices d’une vie antérieure, rêvée ou réelle.
Les images ainsi obtenues sont projetées sur les murs du quartier à l’aide de projecteurs à gobo. Tels des fantômes débonnaires, les silhouettes en halo semblent veiller sur les habitants d’aujourd’hui, une fois la nuit tombée.
Parallèlement aux projections, le site internet www.stardustmemoryproject.com dévoile les images originales aux côtés de l’image retravaillée, ainsi qu’une notice relative à chaque photographie: histoire de la personne représentée, de la famille, ou de la période. Les textes sont rédigés par un(e) écrivain(e) natif(ve) du lieu. Ils sont publiés dans la langue originale de l’auteur(e), avec une traduction en anglais. L’auteur(e) bénéficie d’une courte présentation biographique.
Suite à son lancement dans la Ville de Mitrovica, prévu pour le printemps 2020, le projet est ensuite exportable à l’infini dans différentes villes du monde, formant, petit à petit, une véritable collection de destins individuels croisés.
En dévoilant dans l’espace public ces éléments relevant de l’intime et du privé, en soulignant le rayonnement des défunts, qui se manifeste par delà la mort au sein de la mémoire collective, the stardust – memory project tisse des liens entre les gens et les époques, proposant ainsi une évocation contemporaine de ce qui constitue la société des humains, au-delà des frontières géographiques et temporelles.
Avec le soutien de la Ville de Lausanne, Fonds des arts plastiques.